Dominique Many, avocat formé à l’université Panthéon-Assas (Paris II) et aujourd’hui maître au cabinet qui porte son nom, a récemment partagé sur LinkedIn une série d’anecdotes tirées de sa carrière. Sollicité par un journaliste qui préparait un article sur les « pires souvenirs de plaidoirie », il a accepté de se prêter à l’exercice, livrant avec humour et recul quelques épisodes marquants de son parcours.
Le premier remonte à ses débuts. « Je venais à peine de prêter serment », raconte-t-il. Envoyé à Fougères par son maître de stage pour plaider un dossier prud’homal complexe, il commet l’erreur de préciser à son confrère adverse qu’il s’agit de sa toute première audience. Ce dernier en profite pour multiplier les piques ironiques devant le Conseil. L’affaire sera finalement renvoyée, et Dominique Many, quelques mois plus tard, obtiendra gain de cause.
D’autres souvenirs, moins drôles, témoignent de l’angoisse que peut susciter la défense pénale. Aux Assises, il se souvient d’avoir vu le frère de son client lui mimer un geste d’égorgement depuis le public, menaçant de représailles en cas de condamnation trop lourde.

L’avocat n’hésite pas non plus à évoquer les situations embarrassantes. Comme cette cliente, ancienne prostituée, interrogée par le tribunal sur sa reprise d’activité. Sa réponse fuse : « Pour payer mon avocat ! ». Une réplique qui déclenche les sourires amusés des magistrats et met l’avocat dans un profond malaise.
Parfois, c’est le client lui-même qui vient contredire des heures de travail. Après une longue plaidoirie destinée à convaincre de son innocence, l’accusé prend la parole : « Non, non, il a très bien menti ! ». Une phrase qui scelle la condamnation et laisse l’avocat mortifié.
La malchance s’invite aussi dans ces souvenirs. Pressé un jour de rejoindre le tribunal, il dépasse et insulte un automobiliste qui tardait à avancer. Quelques minutes plus tard, il découvre que cet automobiliste n’est autre… que le juge chargé de l’affaire.
Certaines situations relèvent de l’absurde. Défendant un moniteur d’auto-école poursuivi pour exhibition sexuelle, il voit l’audience tourner en spectacle, le président demandant à l’accusé de parler plus fort afin que la classe de collégiens présente dans la salle puisse bien entendre.
Enfin, l’avocat confesse avoir parfois été pris à revers par un excès de zèle. Dans une affaire, il s’emporte contre le vocabulaire des gendarmes qui, dans les procès-verbaux, désignent son client par « le mec ». Après un long développement, le président l’interrompt : « Maître, ‘mec’ n’est autre que l’abréviation de ‘mis en cause’ ».
Ces anecdotes, tantôt drôles, tantôt inquiétantes, témoignent de la part d’imprévu qui accompagne toute plaidoirie. En les partageant, Dominique Many dresse un autoportrait sincère d’un métier où se mêlent le droit, l’humain et parfois le burlesque.