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La Maestra : voici la lauréate du 1er concours international de cheffes d’orchestre

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220 candidatures venues de 51 pays ont été reçues pour La Maestra, le premier concours international de cheffes d’orchestre. Organisée à la Philharmonie de Paris, la compétition vise à donner plus de visibilité aux talents féminins dans un milieu hautement compétitif et encore largement dominé par les hommes. 

Du 15 au 18 septembre, devant un jury prestigieux composé de Ewa Bogusz-Moore, Jean-Claude Casadesus, Claire Gibault, Marin Alsop, Elizabeth Askren, Maxime Pascal et Lionel Bringuier, les 12 cheffes qui avaient été sélectionnées du lot ont participé aux différentes phases d’élimination. 

“On a eu des candidates jusqu’à 71 ans et je trouve ça magnifique”, ajoute la fondatrice du concours Claire Gibault, première femme à avoir dirigé l’Orchestre de la Scala de Milan et les musiciens de la Philharmonie de Berlin. Chacune des candidates avait 30 minutes pour se surpasser.

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Finalement, “La Maestra 2020 est … Rebecca Tong !“. Cheffe d’orchestre résidente du Jakarta Simfonia Orchestra, elle est aussi cheffe assistante au département opéra de la Royal Northern College of Music et auprès de deux grands orchestres au Royaume-Uni : le BBC Philharmonic et le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra.

“Pouvez-vous me donner plus d’étincelles ? Je veux que ça soit enflammé !“, lançait Rebecca Tong aux musiciens du Paris Mozart Orchestra, l’ensemble fondé par Claire Gibault. “Je veux plus de joie de vivre”, a dit la Colombienne Lina Gonzalez-Granados, qui était parmi les trois finalistes avec la franco-britannique Stephanie Childress.

Toutes les trois seront accompagnées pendant deux ans, via une académie. “C’est surtout une occasion pour grandir et expérimenter”, déclare Marin Alsop, l’une des six membres du jury, qui avait créé l’évènement en 2013 en devenant la première femme à diriger un concert lors des Proms, événement musical à Londres qui se tient tous les étés depuis 1895. “J’espère que cela permettra à de jeunes femmes de commencer tôt. Moi, je n’ai commencé à acquérir de l’expérience qu’une fois devenue trentenaire, car il n’y avait pas assez d’opportunités”, ajoute-t-elle.

« Pour être honnête je ne m’attendais pas du tout à gagner, a déclaré Rebecca Tong au micro de France Musique, une fois le résultat connu. Ce prix représente pour moi la possibilité d’encourager d’autres femmes cheffes d’orchestre plus jeunes qui ont peut-être moins d’opportunités. Bien sûr, ce prix offre de la reconnaissance, mais moi je veux aussi encourager encore plus de femmes cheffes à foncer. »

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S’il est vrai que de grands noms comme Susanna Mälkki, Nathalie Stutzmann ou la pionnière Claire Gibault, ayant toutes en commun le fait d’avoir fondé leur propre ensemble pour pouvoir exercer, s’affirment depuis 20 ans, ce n’est qu’en 2019 qu’une femme, Debora Waldman, a été nommée directrice musicale d’une formation permanente dans l’Hexagone, rapporte Franceinfo. Et il reste encore beaucoup à faire puisque sur les 778 orchestres professionnels symphoniques permanents recensés dans le monde, 48 ont à leur tête une directrice musicale ou une cheffe principale, soit 6,2 %, par rapport à 2018 (4,3 %), selon le concours La Maestra. 

Un tel concours n’est pas “discriminatoire” envers les hommes, estime Laurent Bayle, directeur général de la Philharmonie. “Cela fait 40 ans qu’on dit qu’il faut faire évoluer le système, mais il ne se passe rien”. “Le concours est un acte volontariste mais temporaire et ne vise aucun quota. Faut-il le maintenir jusqu’à 2030 ? Pour avoir une situation saine, il faudrait qu’on passe de 6 à 30 % de cheffes d’orchestre”.