La BBC a rédigé une analyse approfondie avec un titre inquiétant qui posait une question rhétorique : « Coronavirus en Afrique : la pauvreté pourrait-elle expliquer le mystère du faible taux de mortalité ?»
Indignés par ce titre, plusieurs Africains s’en sont pris au journal ainsi qu’à l’auteur de l’histoire, Andrew Harding, pour leur extrême insensibilité et leur titre qui laissent croire qu’ils « auraient souhaité que plus d’Africains meurent de la pandémie .»
Suite aux critiques, la BBC a été obligée de réécrire le titre de l’article et de présenter ses excuses à ses lecteurs pour ce délit.
« Le titre et l’article ont été mis à jour pour mieux refléter ce que les scientifiques ont dit. Nous n’avions pas l’intention d’offenser », a écrit le journal. Le nouveau titre se lit comme suit : « Coronavirus en Afrique du Sud : les scientifiques explorent la théorie de la surprise pour le faible taux de mortalité. »
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L’article indique que malgré le fait que les experts médicaux et les scientifiques découragent la surpopulation et insistent sur l’observation de la distance sociale, les villes africaines très caractérisées par les bidonvilles n’avaient pas enregistré de taux de mortalité plus élevés que dans d’autres parties du monde.
Certains experts interrogés par le journaliste de la BBC ont attribué le faible taux de mortalité à des communautés plus pauvres qui auraient pu être largement exposées à d’autres maladies, ce qui a conduit au développement d’une plus grande immunité à l’égard de la COVID-19.
« La protection pourrait être beaucoup plus intense dans les zones très peuplées, dans les milieux africains. Cela pourrait expliquer pourquoi la majorité, sur le continent, souffre d’infections asymptomatiques ou légères », a déclaré le professeur Shabir Madhi.
Malgré l’explication détaillée sur le facteur de la pauvreté lié à la maladie, les Africains ont exprimé leur colère.
« La façon dont la BBC présente son reportage négatif sur l’Afrique sous forme de questions ouvertes et exploratoires est insidieuse », a commenté un internaute.
« Il y a quelques mois, vous avez publié un article comparant les coiffures des femmes africaines au germe du coronavirus. Je suis désormais convaincu que c’est en fait votre intention d’offenser», s’est indigné un autre internaute.
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«Vous me dites donc que BBC Africa n’a pas de rédacteurs africains à qui vous pouvez confier des titres sensibles à la race avant qu’ils ne soient publiés ? Les excuses ne sont pas acceptées.»
« Les médias occidentaux dépeignent toujours l’Afrique comme étant pauvre, malade et malsaine. C’est votre argument de vente ! Regardez l’image à la Une de cet article. Qu’est-il arrivé à une belle photo de Lagos ou d’Accra et Kigali ? Il a fallu que ce soit une fille avec un seau sur la tête ! »
The headline and article have been updated to better reflect what the scientists said. It was not our intention to cause offence.https://t.co/S8gWz5VPqF pic.twitter.com/PythriECcu
— BBC News Africa (@BBCAfrica) September 3, 2020