La résolution de l’État Togolais pour la promotion de l’emploi et de l’insertion socioprofessionnelle des jeunes est palpable. Et pour preuve, on peut évoquer les mécanismes, fonds et projets initiés en ce sens. Le Projet d’appui à l’employabilité et à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs (PAEIJ-SP), depuis sa mise en œuvre, il y a deux (2) ans, s’est sérieusement attaqué à la problématique avec pour principal vecteur, le secteur agricole, son industrialisation et l’agro-transformation.
Et la stratégie semble, après deux (2) ans de mise en œuvre, porter les fruits attendus. Selon les chiffres récents obtenus auprès de la Coordination du projet, à ce jour, le PAEIJ-SP a, à son actif, plus de 500 millions de Francs CFA débloqués en termes de financement pour plus de 9 petites et moyennes entreprises appuyées et un total de 35.167 emplois créés.
Financer l’agriculture par l’approche des chaînes de valeur
Le Togo est un pays essentiellement agricole et le secteur occupe environ 60% de la population nationale (chiffres de la FAO 2012). L’agriculture togolaise emploie 96% des ménages ruraux avec près de 54% de la population active. Elle contribue à hauteur de 40% à la formation de la richesse nationale et génère plus de 20% des recettes d’exportation (Volume 1 – Aperçu général de l’agriculture Togolaise à travers le pré-recensement-2013). Un potentiel qui n’entre pas systématiquement dans la croissance du pays, puisqu’elle est toujours exercée traditionnellement et souvent mal organisée.
C’est justement pour corriger la tendance et en faire l’un des secteurs à forte employabilité pour les jeunes que le PAEIJ-SP a été mis en place. Lancé en avril 2016 par le Chef de l’État, Faure E. Gnassingbé, le projet est financé à plus de 12 milliards de Frs CFA par la Banque Africaine de Développement (BAD) et environ 650 millions de Francs CFA par l’État Togolais pour une durée de 5 ans.
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En effet, la stratégie du PAEIJ-SP repose essentiellement sur l’organisation des acteurs bénéficiaires de son accompagnement en chaînes de valeurs. Il permet ainsi de fédérer tous les acteurs à toutes les étapes depuis la production jusqu’à la transformation et la distribution. Un système qui assure au final, une meilleure disponibilité des ressources pour générer davantage de revenus et surtout des emplois.
Quality services international (QSI), société productrice des farines enrichies de la marque NDD et Maïvit, est l’une des chaînes de valeur créées par le projet autour des produits, notamment le soja, le maïs et le manioc. Grâce au projet, une structure semblable à des maillons d’une chaîne discontinue qui s’imbriquent est ainsi créée.
Plusieurs producteurs, qu’ils soient en groupement ou des agriculteurs individuels produisent les céréales et les tubercules. Ils sont collectés à leur tour et rendus propres par la Nouvelle société de commercialisation des produits agroalimentaires (NSCP) qui s’assure de la qualité des produits. Après traitement, ils sont livrés à la société QSI dirigée par M. Tchamdja, qui en assure la transformation et la distribution.
Une véritable chaîne qui assure d’une part la qualité du produit fini et d’autre part, la disponibilité des matières premières et la compétitivité au niveau de tous les acteurs afin de dynamiser et rentabiliser la chaîne.
Le PAEIJ-SP, vecteur de changement
Mis à part la réorganisation structurante du secteur agricole, le PAEIJ-SP est vecteur de changement auprès des populations qui entrent en jeu dans les chaînes de valeur mises en place. Création d’emplois, amélioration des conditions de vie des populations. Le projet donne de l’espoir aux populations rurales exerçant l’agriculture comme activité principale.
Au-delà des chiffres, ce sont les bénéficiaires directs et indirects qui ne manquent pas d’exprimer leur satisfecit sur les retombées du projet. Ognankitan Koffi Dodji est l’un d’eux. Il est le promoteur de la Nouvelle société de commercialisation et de production agricole (NSCPA), une entreprise qu’il a mise sur pied depuis 2012 et spécialisée dans la transformation du manioc en gari (farine de manioc) ainsi que la collecte et la livraison de soja et de maïs.
Après des débuts difficiles, bénéficier de l’accompagnement du PAEIJ-SP a donné un souffle nouveau au développement de son entreprise. Ce qui lui a permis de passer de 3 emplois temporaires créés avant l’arrivée du PAEIJ-SP ; à 350 emplois directs créés à ce jour avec une amélioration nette des bénéfices de l’entreprise.
‘’Rencontrer le PAEIJ-SP en 2016 a aidé à la formalisation de notre entreprise. Cela nous permet d’avoir la confiance des institutions financières, ce qui n’était pas possible auparavant’’, nous explique le promoteur.
Même son de cloche avec la société de transformation de soja en huile et tourteaux, Agrokom installée à Lomé depuis 2011. ‘’Avant 2017, notre production tournait autour de 100 tonnes de transformation, mais depuis 2017, nous sommes à 800 tonnes de produits transformés et exportés. (…) Toujours grâce à cet accompagnement, Agrokom a pu acquérir du matériel de travail afin d’augmenter sa production’’, nous confie M. Komlan Yaovi Daniel, son Directeur.
‘’D’une tonne et demi (1,5 tonnes), nous sommes en train de passer à 6 tonnes de soja traités par jour, à travers l’acquisition de nouvelles machines de presse à huile’’, nous précise-t-il.
En dehors des acteurs (agrégateurs et transformateurs), les producteurs ne sont pas épargnés par ces changements qui apportent du mieux dans le quotidien des populations togolaises.
‘’Aujourd’hui, avec le projet, les producteurs ont déjà les marchés de vente avant de produire, ce qui les emmène à augmenter la production. Nous avons des retours positifs de la part des producteurs qui nous témoignent que c’est grâce à ce projet qu’ils sont en mesure de subvenir aux besoins de leurs familles et même de s’offrir des moyens de locomotion ou encore des batteuses pour des prestations de services’’, explique le Directeur général de la Jonction de croissance agricole au Togo (JCAT Sarl), M. Yao Toyo, une société spécialisée dans la mise en coopérative des agriculteurs pour la culture du soja bio et son exportation vers l’Europe.
Des résultats, qui permettent de croire au fort potentiel de l’agriculture togolaise, avec un satisfecit de la délégation de la Banque africaine de développement en visite d’évaluation auprès de ces entreprises. Ce qui laisse entrevoir des perspectives plus prometteuses pour le financement de l’agriculture au Togo.