« Blockchain et cryptomonnaies », voilà un sujet qui fait couler beaucoup d’encre depuis quelques années. L’indépendance offerte par ce nouveau système monétaire décentralisé fait écho sur la planète toute entière. Gouvernements, entreprises, particuliers, beaucoup semblent y voir une opportunité pour contourner une organisation financière mondiale qui a montré ses limites. Et bien entendu, le continent africain n’est pas en reste !
En effet, l’Afrique fait face à un problème de taille qui freine le développement de son économie. La multiplicité des devises sur le continent ne favorise pas les transactions entre les différents pays. Les frais de transaction y sont bien trop importants et les procédures de transfert souvent complexes. Les cryptomonnaies pourraient donc apporter une solution intéressante pour faciliter les échanges transfrontaliers à l’avenir.
Les cryptomonnaies, c’est quoi ?
Les cryptomonnaies sont une nouvelle forme de devises qui reposent sur un système informatique décentralisé appelé blockchain. La plus connue de toute est le Bitcoin qui a été créé en 2008. Depuis, plus de 1 500 devises numériques ont vu le jour, certaines prenant directement source dans le Bitcoin. C’est le cas du Bitcoin Cash ou du Bitcoin Diamond qui sont ce qu’on appelle des forks du Bitcoin – sortes de versions évolutives du Bitcoin. Les cryptomonnaies fonctionnent en marge des banques traditionnelles et des gouvernements mais sont échangeables et négociables comme n’importe quelle monnaie fiduciaire. Pour cela, des plateformes de trading dédiées en ligne ont été créées. Il est ainsi possible d’investir des Francs CFA pour acheter de la cryptomonnaie Bitcoin Diamond par exemple. Cet altcoin peut aussi être obtenu à travers PayPal, virement bancaire ou même en l’échangeant contre d’autres cryptomonnaies.
AFRO, la cryptomonnaie africaine
Semblable dans son fonctionnement au Bitcoin, l’AFRO repose sur la technologie blockchain. Cette cryptomonnaie a été lancée le 19 juin 2018 avec pas moins de 750 milliards de jetons émis sur le marché.
Créé par la fondation Afro, une organisation non-gouvernementale située à Genève (Suisse), le concept est d’offrir aux citoyens et entreprises des pays du continent africain une seule et même devise pour faciliter leurs échanges et leur commerce. Respectueuse de l’environnement, la cryptomonnaie AFRO a été développée sur un modèle 100% Proof of Stake (PoS) – beaucoup moins énergivore que les cryptomonnaies originelles.
A la tête de cette organisation, des experts économiques, techniciens et penseurs portent un message qui se veut humaniste et totalement apolitique.
L’Afrique : un terrain concurrentiel pour les cryptomonnaies
Mais malgré une campagne de communication se proclamant « 1ère cryptomonnaie africaine », AFRO ne semble pas être seule en course dans la conquête du continent africain. L’Ubuntu-coin a été lancé également en 2018 en Côte d’Ivoire dans le même but d’harmonisation monétaire et de facilitation des transactions entre pays. Loin d’être utopiste, l’opportunité pour l’économie africaine semble donc bel et bien réelle.
Le chanteur Akon, originaire du Sénégal, en est convaincu. Pour lui, la cryptomonnaie pourrait être salvatrice pour les Africains. Il pense que cette avancée technologique permettrait aux Africains de reprendre le pouvoir sur une économie qui parfois les oublie. C’est en ce sens qu’il a, lui aussi, lancé une cryptomonnaie en 2018 – appelée Akoin. La star a d’ailleurs été récompensée par le groupe Black Entreprise en octobre dernier pour son engagement important dans le développement économique africain.
Une infrastructure africaine propice
La bonne nouvelle, c’est que l’Afrique a, sur le terrain des devises virtuelles, un bel avantage : le paiement via smartphone. En effet, la cryptomonnaie qui réussira à percer en Afrique pourra s’appuyer sur un réseau de paiement mobile bien développé et une population ouverte aux moyens de paiement digitalisés. D’après un rapport édité par le cabinet conseil international McKinsey & Company, l’Afrique recence plus de 100 millions d’utilisateurs actifs de smartphones. Ce chiffre hisse directement l’Afrique à la première place sur le marché international de la « Banque mobile ».
De même, cela pourrait permettre à une population délaissée par le système financier classique d’avoir, elle aussi, accès à des solutions de paiement. En effet, il est à rappeler que 65% des Africains n’ont pas de compte bancaire à ce jour.
De belles perspectives pour l’économie africaine semblent donc se dessiner. Si certains pays comme l’Egypte, le Maroc, l’Algérie, le Ghana ou la Namibie n’autorisent pas les cryptomonnaies, le Togo semble quant à lui bien décidé à s’y intéresser. La dernière convention sur la blockchain et les cryptomonnaies organisée au Togo par Tech en Afrique en septembre dernier en est pour preuve. De quoi entrevoir des innovations futures positives pour le pays et le continent…