Au lycée Simone Gbagbo de Yopougon, grand quartier populaire d’Abidjan, les enseignants sont sous le choc après l’annonce de la mort de Laurent Barthélémy Ani Guibahi. L’adolescent de 14 ans a été retrouvé mort mercredi 8 janvier dans le train d’atterrissage d’un avion reliant Abidjan à Paris.
Comme des milliers d’Ivoiriens qui tentent l’émigration clandestine chaque année, Laurent Barthélémy a voulu rejoindre l’Europe sans prévenir ses parents. Aveuglé par ce rêve d’El Dorado, il est mort à l’âge de 14 ans, n’imaginant pas que le froid et l’altitude le tueraient à coup sûr.
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Je suis affolé. Je me sens perdu. Le choc est brutal. On pensait à une fugue… C’est terrible à supporter !”, assure Antoine Mel Gnangne, éducateur, qui encadrait régulièrement le jeune garçon.
Au lycée Simone Gbagbo de Yopougon, 7 000 élèves s’entassent dans des salles bondées. 115 élèves par classe. Trois ou quatre enfants par banc prévu pour deux… Le lycée pratique en outre la “double vacation” : la moitié des élèves viennent le matin, l’autre l’après-midi. Laurent Barthelemy était en 4e2, le matin. Les derniers à l’avoir vu étaient avec lui dimanche, selon une surveillante qui a parlé à ses “camarades de quartier”.
Laurent Barthelemy a disparu lundi. Ce jour-là, “l’enfant a pris ses affaires. Il était censé venir au cours. Ce n’est que le soir que les parents ont constaté l’absence de l’élève”, se souvient Liliane NGoran, la censeure du Lycée.
“Le mardi matin ils sont venus à l’école parce qu’il n’a pas dormi à la maison. Nous avons constaté avec eux qu’il n’était pas en cours et c’est ainsi qu’ils ont fait l’avis de disparition que nous avons affiché partout dans et autour de l’établissement”, raconte-t-elle.
“On a fait le rapprochement”
L’affiche montre un jeune homme frêle et pensif en tenue traditionnelle. Bon en maths et physique mais très faible en sciences humaines et français, Laurent Barthélémy “n’était pas un enfant à problèmes. Il n’est pas mauvais. Il n’y a pas de grief d’un professeur ou d’un autre élève à son égard. Sur le plan disciplinaire, je ne lui reproche rien”, souligne Antoine Mel.
Après avoir traversé toute la ville – l’aéroport se trouve à une trentaine de kilomètres de son quartier –, le jeune homme a “accédé au train d’atterrissage de l’aéronef en s’agrippant à celui-ci au moment où celui-ci s’apprêtait à s’élancer pour son décollage vers 22 h 55” mardi soir, selon le communiqué du ministère des Transports.
Le ministre Amadou Koné a précisé que “sur la vidéo (de surveillance) on aperçoit un individu vêtu d’un tee-shirt (…) Nous pensons qu’il a eu accès à l’espace aéroportuaire en escaladant le mur. Ensuite, il s’est caché dans les espaces verts et s’est agrippé au train d’atterrissage de l’avion au moment du vol”.
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“Jeudi, la gendarmerie de l’aéroport est venue avec une sacoche (trouvée près du tarmac) où il y avait des affaires d’un enfant. Ils nous ont demandé si on reconnaissait le t-shirt. C’était le tricot d’EPS qui portait l’effigie de l’établissement… Il s’agit du t-shirt des élèves de 4e. On a fait le rapprochement”, explique Liliane NGoran qui a eu confirmation de l’identité vendredi après-midi.
Parmi les 25 millions d’Ivoiriens, des milliers tentent d’immigrer clandestinement chaque année. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en nombre de migrants clandestins, la Côte d’Ivoire se situe en 3e position des pays d’Afrique de l’Ouest.
Avec France 24