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Procès Booba et Kaaris: un an de prison avec sursis requis contre les deux rappeurs

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Le parquet a requis jeudi 6 septembre au soir un an de prison avec sursis contre les rappeurs Booba et Kaaris pour leur rixe à l’aéroport d’Orly, et réclamé des peines allant jusqu’à huit mois d’emprisonnement ferme pour les membres de leurs clans respectifs.

Booba, à g; Kaaris à d.

prochées” dans la bagarre, a-t-il dénoncé devant le tribunal correctionnel de Créteil.

Le procureur a réclamé la relaxe d’un membre de l’équipe accompagnant Booba, qui s’est tenu à l’écart de la cohue. Pour les huit autres membres des deux clans, il a requis entre six mois de prison avec sursis et huit mois ferme, en fonction de la gravité des violences et des antécédents de chacun. Le jugement sera rendu le 9 octobre.

Responsabilité partagée

Les principaux responsables de la bagarre restent les deux rappeurs, a-t-il argué. Booba “porte le premier coup de pied”, a noté le procureur, mais c’est Kaaris “qui se lève et va au contact”. Ensuite, “chacun des accompagnants ne peut pas faire autrement qu’intervenir”.

Si chacun devait embarquer dans le même avion pour Barcelone, l’enquête ne permet pas de démontrer un guet-apens de la part d’un des deux camps, selon le parquet. Loin du coup marketing, “cette rencontre est fortuite”, a estimé le procureur.

“Sous le regard des passagers et des réseaux sociaux, cette rencontre ne pouvait que se conclure par une confrontation physique”, a regretté le magistrat. Booba et Kaaris “se sont créé des personnages forts, puissants violents, excessifs et déterminés”, a-t-il décrit.

Chemise à carreaux

L’audience-marathon se déroulait dans une salle comble. Dehors, derrière un important cordon de police, des dizaines de fans affichaient “team Booba” ou “team Kaaris”. Passé quelques regards appuyés, Booba, Elie Yaffa de son vrai nom, et Gnakouri Okou, alias Kaaris, sont restés calmes.

Volontiers goguenard en chemise à carreaux, l’autoproclamé “duc de Boulogne” s’est permis des messes basses avec la dessinatrice de presse et a parfois rabroué sèchement les avocats de la partie adverse. Son rival de Sevran, chemise blanche immaculée, a joué “l’apaisement” et présenté d’emblée ses “excuses”.

Après un faux-départ lié à l’absence d’un interprète, le tribunal devait juger la bagarre d’Orly. Il a assisté à celle des avocats, qui se sont écharpés à plusieurs reprises lors de l’examen des différentes vidéos de la rixe, chacun criant pour imposer son interprétation des images.

“Lève toi salope”

La scène du 1er août a fait le tour des réseaux sociaux: à sept contre quatre le clan Booba affronte celui de Kaaris. Les bouteilles de parfum de la boutique duty free servent d’armes ou de projectiles. Bilan: des blessés légers dans chaque camp, plusieurs vols retardés et plus de 50.000 euros de casse.

“N’y avait-il pas moyen que cela se termine autrement?”, a soupiré la juge.

“J’aurais bien aimé”, a répliqué Booba. “Je me suis défendu, tout simplement.”

S’il a donné le premier coup de pied, c’est parce qu’il se sentait “encerclé” et “menacé” par Kaaris et son groupe, qu’il a “essayé d’éviter”. Il tente ensuite “un coup d’intimidation”. “C’est vraiment pas ma faute, j’avais pas le choix madame”, s’est justifié Kaaris. “J’ai agi par légitime défense du début jusqu’à la fin”, a juré le rappeur de Sevran. Selon lui, Booba lui aurait lancé: “lève-toi, salope !”.

“Je me lève, c’est une erreur. Mais je me lève parce que prendre des coups assis, c’est plus grave que prendre des coups debout”, a-t-il avancé.

Booba, Elie Yaffa de son vrai nom, et Kaaris, Gnakouri Okou à l’état-civil, entretiennent depuis des années une rivalité à coups de “clashs” sur Internet. Dans ce contexte, “baisser les yeux, détourner le regard, ignorer l’autre, c’est déjà perdre la face”, a résumé le procureur. Il a fustigé deux hommes qui “ont perdu toute lucidité”, mus par la peur de “devenir la risée de leur entourage, mais aussi la risée d’internet”.

“Je souhaite simplement que cette audience les renvoie tous à leurs responsabilités”, a poursuivi le magistrat, en rappelant que les deux rappeurs étaient également “chefs d’entreprise” et “pères de familles”.

“Le retour à la réalité est cruel”, a-t-il conclu, “il illustre que leurs avatars sont un peu plus courageux qu’eux”.

Les deux rappeurs devront encore attendre avant de connaître le verdict.

Avec Huffingtonpost