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“Procès des écoutes” : Nicolas Sarkozy donne sa version des faits

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Ce lundi 7 décembre, le tribunal correctionnel de Paris a accepté de diffuser 5 échanges téléphoniques entre l’ancien président Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog à leur procès pour corruption et trafic d’influence, comme le sollicitait le parquet national financier (PNF). Nicolas Sarkozy est attendu à la barre.

L’ancien président Nicolas Sarkozy est interrogé ce lundi 7 décembre après-midi, sur les faits dans l’affaire dite des “écoutes”, après une semaine tendue au tribunal de Paris.

L’ex-chef de l’État, qui a promis de “s’expliquer”, est présent depuis le premier jour de ce procès inédit, au cours duquel il est jugé pour corruption et trafic d’influence aux côtés de son avocat et ami, Thierry Herzog, et de l’ex-haut magistrat, Gilbert Azibert. Mais il ne s’est pas encore réellement exprimé.

L’image d’un ancien président à la barre est sans précédent : il est le premier à comparaître devant un tribunal sous la Ve République. Seul Jacques Chirac avait été jugé et condamné en 2011 dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, mais sans s’être déplacé à l’audience, pour des raisons de santé.

Dénonçant des “infamies” il y a une semaine, Nicolas Sarkozy a répété 2 jours plus tard vouloir “la vérité” et assuré qu’il répondrait à “toutes les questions”, près de 7 ans après la révélation de cette affaire au cœur de laquelle pèse la notion de secret.

D’abord le secret que Gilbert Azibert, haut magistrat au sein de la Cour de cassation, est soupçonné d’avoir violé en 2014 en transmettant des informations à Nicolas Sarkozy, via Thierry Herzog, sur un pourvoi en cassation lié à l’affaire Bettencourt.

À l’époque, l’ancien président avait obtenu un non-lieu dans ce dossier à Bordeaux, mais cherchait à faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels par la haute juridiction.

En échange de ces informations, voire d’une influence sur la procédure, Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir donné un “coup de pouce” à Gilbert Azibert pour une nomination à Monaco. Poste que celui-ci n’a pas obtenu alors.

Des accusations réfutées en bloc le mercredi 2 décembre, à la barre par l’ex-haut magistrat, alors avocat général dans une chambre civile de la Cour. Son intérêt pour le dossier Bettencourt était strictement “juridique” et Gilbert Azibert affirme n’avoir jamais tenté d’influencer ses collègues.

Le secret, ensuite, des conversations, entre un avocat et son client, que la défense estime piétiné par la mise sur écoute de Thierry Herzog et de Nicolas Sarkozy.

Tout le dossier est en effet basé sur des discussions entre les deux hommes, interceptées sur une ligne officieuse ouverte au nom de “Paul Bismuth”, dans le cadre d’une autre affaire visant Nicolas Sarkozy : celle de soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Brandi dès le lundi 1er décembre par la défense, ce secret professionnel a été évoqué le jeudi 3 décembre par le grand pénaliste Henri Leclerc, 86 ans, cité à la barre comme témoin, puis de nouveau invoqué par Thierry Herzog au début de son interrogatoire.

« Jamais je n’ai été un corrupteur », a-t-il martelé à la barre, reconnaissant finalement avoir voulu rendre un “service” à son ami Azibert mais, a-t-il juré, ce n’était en aucun cas une “contrepartie”.

Interrompu dans la soirée du jeudi 3 décembre, avant les questions de l’accusation, l’interrogatoire de Me Herzog doit reprendre à 13 h 30, avant celui de l’ancien chef de l’État.

Depuis le 23 novembre, Nicolas Sarkozy arrive toujours le dernier, avec son escorte, par un chemin dérobé au sein du tribunal, dépassant policiers et caméras avant d’entrer dans la salle d’audience.

À l’intérieur, après avoir salué du coude ses coprévenus et avocats, il s’assoit sur sa chaise, hochant régulièrement la tête pendant les débats, semblant pressé de s’exprimer.

La première semaine d’audience s’est déroulée dans une ambiance tendue entre le parquet national financier (PNF) et la défense, qui dénonce un “dossier poubelle”.

De son côté, dans un réquisitoire sévère en octobre 2017, le parquet avait comparé les méthodes de Nicolas Sarkozy à celles “d’un délinquant chevronné”.

Retraité de la vie politique depuis 2016, mais encore très populaire au sein du parti Les Républicains (ex-UMP), Nicolas Sarkozy, se disant “combatif”, avait qualifié le procès de “scandale qui restera dans les annales”, se défendant d’être un “pourri”.

Tout comme ses 2 coprévenus, il encourt 10 ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende.

Avec France24.