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Rebondissement pour Charles Blé Goudé ; après la CPI, le Tribunal Criminel d’Abidjan s’annonce

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Coup dur pour l’ex-ministre de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, en liberté conditionnelle aux Pays-Bas dans l’attente d’une décision de la Cour Pénale internationale (CPI). Après la longue bataille judiciaire à la CPI, dont l’épilogue n’est pas encore connu, la justice ivoirienne a annoncé ce jeudi son intention de poursuivre Blé Goudé devant le tribunal criminel d’Abidjan, pour des crimes présumés commis entre 2010 et 2011.

Mercredi, déjà, son collectif d’avocats avait claqué la porte de l’audience avec la chambre d’accusation. Ils se sont ensuite retirés du dossier pour dénoncer une procédure qu’ils estiment biaisée.

Pour comprendre les raisons de ce nouveau rebondissement judiciaire, il faut revenir six ans en arrière, lorsque l’ex-chef des Jeunes patriotes avait été arrêté au Ghana le 17 janvier 2013, puis extradé vers son pays.

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Comme l’a expliqué le procureur général Lebry : « Il n’y a pas identité des poursuites entre les faits jugés par la CPI et ceux examinés en ce moment par les juridictions ivoiriennes, non seulement parce qu’ils ne concernent pas les mêmes événements, mais ensuite parce qu’ils ne couvrent pas la même période. Celle visée par les poursuites en Côte d’Ivoire est plus large. »

Alors que les faits poursuivis par la CPI portaient sur des événements précis : « Marche à la RTI (télévision publique) entre le 16 et 19 décembre 2010, manifestation de femmes à Abobo (quartier populaire d’Abidjan) le 3 mars 2011, bombardement au mortier d’un secteur d’Abobo le 17 mars 2011 et bombardement de Yopougon le 12 avril 2011. »

Les faits pour lesquels M. Blé Goudé est poursuivi « en Côte d’Ivoire concernent des actes de torture, homicides volontaires, viol, traitement inhumain, atteinte à l’intégrité physique, assassinat, attentat à la pudeur commis dans les barrages d’autodéfenses dans le courant de l’année 2010 et 2011 et la complicité de ces crimes commis par lui-même ou ses partisans », a détaillé le procureur général. Autre information majeure révélée ce jeudi, les faits allégués ne sont pas amnistiés par l’ordonnance d’août 2018 signée par le chef de l’État, Alassane Ouattara, et qui avait permis à Simone Gbagbo de recouvrer la liberté. « C’était une amnistie personnelle, pas une amnistie qui portait sur des faits. Et Charles Blé Goudé n’a pas bénéficié de cette amnistie personnelle », a assuré le procureur.

Soupçons

À l’aune de ce nouveau feuilleton, beaucoup y voient un agenda politique du pouvoir à moins d’un an de la présidentielle de 2020. Chose que le procureur général a réfutée. Des membres de l’opposition estiment que le pouvoir du président Alassane Ouattara met tout en œuvre pour empêcher le retour au pays de l’ancien président Laurent Gbagbo, également en liberté conditionnelle en Europe (en Belgique) dans l’attente de la décision de la CPI.

Une accusation renforcée par la récente décision (mardi) de la justice ivoirienne qui a confirmé en appel la condamnation à vingt ans de prison de Gbagbo. En janvier 2018, l’ancien président avait été condamné, ainsi que trois co-accusés, à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Blé Goudé ainsi que l’ancien président Laurent Gbagbo ont été acquittés en première instance de crimes contre l’humanité par la CPI. Mais ils attendent en liberté conditionnelle l’examen de l’appel de la procureure par la CPI. Ils ne peuvent pas rentrer en Côte d’Ivoire tant que la procédure n’est pas terminée.

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Blé Goudé, qui a déclaré avoir des ambitions présidentielles à long terme (après celle prévue en 2020), était dans les années 2000 surnommé « le général des rues » pour sa capacité à mobiliser les partisans du président de l’époque, Laurent Gbagbo, grâce au mouvement des Jeunes patriotes, souvent qualifié de milice. Ses détracteurs et les ONG internationales considèrent qu’il a été un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 dans les violences postélectorales ayant fait plus de 3 000 morts. En cas de procès, Charles Blé Goudé, 47 ans, risque une peine de prison à vie.