L’ancien président du Zimbabwe Robert Mugabe s’est éteint à 95 ans. Il laisse derrière lui une économie exsangue ravagée par une politique monétaire destructrice.
Héros de l’indépendance et premier Premier ministre noir du pays, il l’a dirigé d’une main de fer en cumulant l’intégralité des pouvoirs entre ses mains. Notamment monétaires. Le Zimbabwe est connu pour son hyperinflation que les gouvernements successifs ont bien du mal à endiguer depuis une quinzaine d’années. Le Fonds monétaire international s’attend à un taux de 73% en 2019 (seul le Venezuela ferait mieux). Finalement assez faible quand on le compare aux 230.000.000% relevés par les autorités locales en 2009.
Le Zimbabwe a longtemps été considéré comme un État riche, au point d’être qualifié de “grenier à blé de l’Afrique australe” en raison de sa production abondante de céréales. Le point de retournement est arrivé en 2000 lorsque le président Mugabe a mis en oeuvre son projet de redistribution des terres évoqué lors de l’indépendance. Pour calmer les révoltes sociales de plus en plus fréquentes, il confisque ainsi les terres de 4.500 fermiers blancs qui possédaient 70% des zones cultivées du pays, afin de les donner à des familles pauvres.
Lire aussi : 20 hommes par jour, 22 ans de service, la plus vieille prostituée arrête sa carrière !
Les conséquences sont catastrophiques. La plupart des personnes qui héritent des terres n’ont pas la compétences agricoles nécessaires et font chuter dramatiquement le rendement des exploitations. Comme un symbole, le Zimbabwe devient en 2004 un bénéficiaire de l’aide alimentaire de l’ONU alors qu’il était jusqu’à présent un contributeur du Programme alimentaire mondial.
En 2009, le pays est contraint d’abandonner sa devise, le dollar zimbabwéen, dont les dévaluations successives ont fait glisser le pays dans l’hyperinflation. Les habitants doivent alors faire leurs courses avec des sacs plastiques remplis de billets. Cette politique est symbolisée par l’impression en 2009 d’un billet de 100.000 milliards de dollars dont la valeur n’excédait pas 30 dollars américains lors de son émission. Depuis 10 ans la population utilise des devises étrangères, dont la livre britannique, le dollar américain et le rand sud-africain. En juillet 2019, le gouvernement a réintroduit un nouveau dollar zimbabwéen et souhaite l’imposer comme seule monnaie légale.
Lire aussi : Togo : Sokodé est en deuil ; le chef spirituel de Tchaoudjo est décédé !
Environ cinq millions de personnes, soit un tiers des 16 millions de Zimbabwéens, ont actuellement besoin d’une aide alimentaire et au moins la moitié d’entre eux sont au bord de la famine, selon l’ONU.
Avec capital.fr