Rideau blanc, So that be, Ango, tchêkpè… la liqueur de vin de palme communément appelée sodabi a pris en otage la jeunesse togolaise. Cette jeunesse déjà fragilisée par des conditions de vie difficiles dues au chômage galopant, et exacerbées par la crise sanitaire, n’a trouvé d’autres issues que de se tourner vers la consommation abusive de cet alcool généralement frelaté, afin d’oublier la situation sociale moyennement enviable dans le pays.
En effet, il suffit de faire un tour, de jour comme de nuit, dans la capitale pour constater l’affluence qui caractérise les points de revente de sodabi. Des petites baraques qu’on peut rencontrer à presque tous les coins de rues. Ce qui fait que de nombreux jeunes sombrent de plus en plus dans l’alcoolisme. Un phénomène social qui détruit cette jeunesse à petit feu et hypothèque l’avenir de notre pays.
Selon des données nationales recueillies par l’ONG RAPAA et financées par la Banque ouest africaine de développement (BOAD), le cancer ronge plus de 50 % des jeunes loméens. De plus, l’étude a révélé que le phénomène touche les deux sexes, que ces personnes soient lettrées ou analphabètes. C’est pour dire comment la situation est grave.
Retombée directe, les revendeurs d’alcool, pour leur part, se frottent les mains. « C’est vrai, notre clientèle est diversifiée. Et elle concerne des jeunes comme vous ou des plus vieux. Au matin, en après-midi comme au soir, ils viennent prendre quelques verres de sodabi au calme. C’est un business qui n’est pas ingrat en tout cas », témoigne le gérant d’un débit de Sodabi.
Pour certains jeunes, rencontrés ici et là sortant de coins de vente de sodabi, « boire, ça réchauffe et ça distrait un peu quand on est en joie comme en peine ». Pour d’autres par contre, « s’enivrer permet d’oublier un peu les soucis et le quotidien morose ».
Aujourd’hui, il est plus qu’urgent que les autorités togolaises prennent des mesures pour endiguer le phénomène. La santé des jeunes et l’avenir de la Nation en dépendent.