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[Tribune] Le freelancing, ça s’apprend !

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Yéza Lucas, coach et formatrice pour entrepreneurs, s’est retrouvée freelance un peu par hasard, et a dû apprendre cette manière de faire du business en solo sur le tas. Elle défend ici l’idée que devenir freelance s’apprend, de la même façon que l’entrepreneuriat est enseigné dans les écoles et les universités.

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Lorsque j’ai fini mes études en 2013, j’avais un Master 2 de Science Politique en poche et pas la moindre idée de ce que j’allais faire avec. Je me suis retrouvée catapultée sur le marché du travail. La galère du chômage, puis le salariat qui ne correspondait finalement pas…

Et puis une opportunité de freelancing m’a été proposée. A l’époque, je me méfiais de ces contrats précaires et j’ai refusé. J’ai fait ce choix plus tard, en me formant seule, à côté de mon boulot. Pourtant, si le freelancing m’avait été proposé au cours de mes études, je l’aurais sûrement envisagé sérieusement, et probablement beaucoup plus tôt.

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Alors pourquoi ne pas proposer de vrais cursus professionnels orientés vers le freelancing ?

Une formation universitaire qui mériterait d’être considérée sérieusement

De plus en plus d’étudiants réalisent des missions de freelance au cours et après leurs études. Mais cette activité de freelance est plus une opportunité de gagner de l’argent rapidement qu’un vrai projet professionnel.

Pourquoi ?

Parce que le freelancing n’est pas une option proposée ni donc envisagée au cours des études. Certes, des filières “entrepreneuriat” existent, mais elles ont pour unique objectif de proposer aux étudiants de créer leur startup en fin d’études.

Le freelancing, lui, est une aventure “solo”, et personne ne nous y prépare. Sans compter que cette voie n’est pas valorisée, considérée comme un pis aller, voire une voie de garage.

Or, préparer le freelancing et le rendre accessible aux étudiants pourrait générer un pic d’épanouissement professionnel chez ces jeunes adultes souvent obligés de choisir entre un job dans le conseil, dans l’administration publique ou une école d’avocats (je caricature à peine…).

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Alors certes, ils n’ont pas 5 ans d’expérience professionnelle, mais qui demande à un freelance son nombre d’années d’expérience ? Qui lui demande un CV ?

Personne.

Ce qu’on demande à un freelance, c’est de répondre à un besoin.

Ce qu’on demande à un freelance, c’est de savoir faire une offre.

Et ça, on peut déjà l’apprendre en cours et en stage avec des freelances en activité.

Le freelancing est un métier noble où l’on peut être maître de sa vie

On associe souvent le freelancing à de la prestation de services : le freelance a souvent un rôle d’exécutant. Pourtant, on n’est pas obligé d’être esclave de ses clients quand on est freelance. Et ça, ça s’enseigne !

Un freelance qui cartonne peut imposer ses conditions et ses horaires, facturer très cher, et choisir son cadre de vie.

Si le freelancing n’est pas considéré comme projet professionnel dans les universités et écoles, c’est à mon sens pour trois raisons :

il est synonyme de précarité

Il est assimilé à un métier de sous-traitance

Il est encore très mal connu du monde universitaire ET de la “startup nation”.

Or, il est facile de démonter ces arguments :

Oui, le freelancing est précaire, comme l’entrepreneuriat, la médecine ou toute autre profession libérale. Mais précaire ne veut pas forcément dire galère !

C’est surtout une manière d’appréhender le risque, de gérer ses revenus sur le long terme. C’est aussi ne pas avoir un destin tout tracé, et de bénéficier d’un niveau de vie plus élevé si on est bon dans ce que l’on fait, et passionné.

Apprivoiser la précarité, ça aussi ça s’enseigne !

Les études pourraient apporter ces connaissances pratiques à des étudiants qui veulent se lancer dans projet professionnel en tant qu’indépendant.

Mais surtout, en plus de “limiter la casse”, les écoles pourraient aussi prendre en compte les nouvelles aspirations de la génération Y (et Z) : un besoin de liberté, le refus de l’autorité, la volonté de choisir son cadre de vie.

Enseigner le freelancing, c’est répondre à l’exigence croissante de qualité de vie au travail.

Le freelancing répond à des aspirations profondes chez les millénials

Etre freelance a de sérieux avantages : travailler d’où on veut, choisir ses horaires, gagner plus que quand on est salarié… Ces avantages ne sont pas négligeables et devraient être sérieusement considérés.

Aujourd’hui, on se retrouve face à une génération démissionnaire avec des jeunes qui quittent leur job à la Défense pour lancer leur projet entrepreneurial, en lien avec leurs profondes aspirations.

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Mais est-on obligé d’en avoir bavé pendant 5 ans dans une tour pour pouvoir s’autoriser à faire ce qu’on veut de sa vie ?

Et bien non. Surtout qu’en quittant son job dans lequel on a été conditionné pendant plusieurs années, il est beaucoup plus difficile de retrouver une mentalité d’entrepreneur.

En revanche, si ce “mindset” entrepreneurial était enseigné au cours des études, on aurait des freelances opérationnels sur le marché du travail ! Et surtout, ils auraient sûrement gagné cinq ans de leur vie à faire quelque chose qui leur plait vraiment.

Si les étudiants étaient plus sensibilisés à leur propre quête de sens, ils prendraient des orientations professionnelles différentes. Et gagneraient du temps.

Tout l’enjeu aujourd’hui est de savoir si on choisit de les accompagner dans cette réflexion dès leurs études, ou si on laisse ce rôle au conseiller Pole Emploi pour qui les notions de freelancing et d’infopreneuriat (le fait de créer des formations et partager son savoir en ligne) sont encore bien floues ?

J’ai passé beaucoup d’années à chercher un métier qui me correspondait vraiment. Durant ma quête, je ne me suis pas vraiment sentie très aidée. Aujourd’hui, je suis coach pour entrepreneurs et j’accompagne les indépendants à développer ou construire un projet entrepreneurial avec des bases solides pour qu’ils puissent s’épanouir dans leur vie professionnelle mais également personnelle. Mon métier de coach prendrait également tout son sens en accompagnant des étudiants à se lancer dans la voie du freelancing.

Yéza Lucas est coach et formatrice. Alors qu’elle était encore salariée, elle s’inscrit à des formations en ligne en parallèle de son travail, et là c’est le déclic ! Elle réalise que l’on peut se créer un métier sur mesure. Elle lâche son job, et trois mois plus tard, elle vit de son activité. Aujourd’hui, elle accompagne les (futurs) entrepreneurs à construire et développer leur projet. Elle privilégie une approche alliant business et développement personnel.

Avec Les Echos