Des neurophysiologistes de l’université Johns-Hopkins ont étudié le cas inhabituel d’un homme qui ne peut pas voir les chiffres compris entre le deux et le neuf.
Alors que son cerveau est en mesure de reconnaître le chiffre, lui, il voit un ensemble de lignes, relate la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
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Dans le cadre de leur étude ayant pour objectif de mieux comprendre le lien entre la conscience et la perception et publiée dans la revue précitée, le patient a été anonymement désigné sous le nom de RFS.
En 2010, le géologue ingénieur de 60 ans avait subi un fort mal de tête suivi d’une amnésie, d’une aphasie et d’une perte de la vue à court terme.
En 2011, tremblements à la main, spasmes musculaires, ainsi que difficultés à marcher se sont rajoutés à la liste de ses maux qui ont évolué vers une maladie cérébrale dégénérative rare appelée syndrome corticobasal.
Causée par des dommages importants à deux zones du cerveau notamment le cortex et les ganglions de la base, cette maladie a privé RFS de sa capacité à percevoir, écrire ou même copier la plupart des anciens chiffres arabes ordinaires, rapporte Anguille sous roche.
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Pour lui ces chiffres n’étaient plus que des lignes noires entremêlées qui semblaient différentes à chaque fois, ce qui fait que l’homme ne pouvait pas utiliser leur forme déformée pour apprendre à les reconnaître. Les lettres, les caractères imprimés, les formes simples, les images et les chiffres 0 et 1 ne lui posaient pas de problème.
« Lorsqu’il regarde un chiffre, son cerveau doit “voir” que c’est un chiffre avant de ne pas le voir ; c’est un véritable paradoxe », a déclaré l’auteur principal, Michael McCloskey, spécialiste des sciences cognitives à l’université Johns Hopkins.
Durant près de huit ans, l’équipe a travaillé avec l’homme et lui a même mis au point un nouveau schéma de chiffres qu’il a pu utiliser pour continuer son travail jusqu’à sa retraite quelques années plus tard.
Cependant, c’est seulement en étudiant le cerveau de RFS à l’aide d’un électroencéphalogramme (EEG) que les scientifiques ont compris ce qui se passe vraiment.
Pendant qu’il essayait de reconnaître les mots et les images figurant dans les chiffres, « il n’était pas du tout conscient qu’un mot était là, mais son cerveau ne se contentait pas de détecter la présence d’un mot, il identifiait aussi le mot en question, comme “tuba” », a déclaré Teresa Schubert, spécialiste des sciences cognitives à l’université de Harvard.
Généralement, en neurologie, on suppose que l’activité neuronale observée par l’équipe de recherche sur l’EEG est à l’origine de la conscience visuelle, mais cette recherche suggère qu’un traitement supplémentaire est nécessaire et ce n’est que cette dernière étape que le RFS ne semble plus avoir.
« Son cerveau a détecté les visages dans les chiffres sans qu’il en ait conscience », a déclaré David Rothlein, du VA Boston Healthcare. C’est la preuve que la perception et la conscience ne sont pas aussi indissociables que cela était admis.
