Pendant des années, Jessica A. Krug, professeure agrégée spécialisée en études africaines et latino-américaines à l’Université George Washington, s’est fait passer pour une femme noire. Elle revendiquait être d’origine nord-africaine, noire-américaine ou encore noire originaire des Caraïbes, donc à la fois un héritage noir et latino.
Dans un article publié jeudi sur le site Medium.com, Jessica A. Krug qui y affirme ne pas être “un vautour”, mais plutôt “une sangsue de la culture” a finalement reconnu qu’elle était blanche et a présenté ses excuses pour s’être inventé des origines.
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“Faire cela est la quintessence même de la violence, du vol et de l’appropriation, de la myriade de façons dont les non-noirs continuent d’utiliser et d’abuser des identités et des cultures noires”, admet Jessica A. Krug. “Je devrais absolument être congédiée”, va-t-elle jusqu’à suggérer dans cette publication.
Cette professeure a confié avoir, tout au long de sa vie au niveau de sa santé mentale, connu “des démons” ; elle a commencé à prétendre être noire à l’adolescence, et avoir conservé cette identité une fois adulte.
“J’ai tout fait, au cours de ma vie, pour ne pas vivre ma vie en tant qu’enfant juive blanche issue de la banlieue de Kansas City (Missouri), en me cachant derrière diverses identités, telle que l’identité noire que je n’avais pas le droit de revendiquer : d’abord noire-africaine, puis noire-américaine, puis noire des Caraïbes”.
Pour expliquer à ses élèves ou à d’autres professeurs d’où elle venait, Jessica A. Krug, diplômée de l’Université du Wisconsin-Madison en 2012, changeait toujours de version. Elle écrivait régulièrement pour Essence Magazine, un magazine de mode américain destiné aux femmes afro-américaines, dans lequel elle avait encore signé un article (supprimé depuis) intitulé Être noire à Porto Rico, quand les nations ne suffisent pas, le 27 août dernier.
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En 2018, elle a publié un livre intitulé Modernités fugitives : politique et identité hors de l’État à Kisama, en Angola et dans les Amériques, de 1594 jusqu’à aujourd’hui. Dans le document, elle faisait même référence à de prétendus ancêtres angolais ou brésiliens.
“Mes grands-parents m’ont donné le meilleur d’eux-mêmes : la musique, le mouvement et la narration, l’envie de demander et l’âme d’écouter. Mes ancêtres, inconnus, sans nom, qui ont laissé la vie dans un avenir qu’ils n’avaient aucune raison de croire devrait exister”, écrivait l’universitaire dans l’introduction de son ouvrage, dans lequel elle remerciait “ceux dont je ne peux pas dire les noms pour leur propre sécurité, que ce soit dans mon quartier, en Angola ou au Brésil”.
Étonnement et colère sont les réactions suscitées par les aveux de Mme Krug ; des collègues universitaires, aux étudiants en passant par ses amis, tous sont choqués et on fait part de leurs sentiments en ligne et lors d’entretiens.
“Jess Krug… est quelqu’un que j’ai considéré comme une amie jusqu’à ce matin où elle m’a téléphoné pour avouer tout ce qui est écrit ici. Elle ne l’a pas fait par bienveillance”, a-t-il écrit sur Twitter le scénariste Hari Ziyad.
Mme Bonilla, professeur d’anthropologie et d’études portoricaines au Hunter College, a écrit avoir toujours soupçonné que “quelque chose n’allait pas avec elle”. “En ce sens, elle nous a bien éclairés. “Elle nous a non seulement fait croire qu’elle était une femme de couleur, mais aussi que nous étions en quelque sorte politiquement et intellectuellement inférieures”.
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Aria Sakona, 21 ans, une étudiante de la GWU qui devait commencer le cours de Mme Krug sur l’histoire de l’Amérique latine lundi, a déclaré qu’elle était “choquée” et “perplexe” par l’admission de l’universitaire.
D’après BBC, la porte-parole de l’établissement universitaire de Washington D.C a déclaré à la presse américaine qu’elle “était au courant de la situation”, qu’elle “examinait la question” et que des mesures seraient prises.
Cette histoire rappelle indéniablement celle de Rachel Dolezal, une militante américaine blanche qui s’était fait passer pour une Afro-Américaine pendant plusieurs années, avant de devoir reconnaître en 2015 avoir menti sur sa couleur de peau.