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Violences conjugales : une mère de famille condamnée pour avoir tué un mari violent

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La soirée avait débuté comme les autres, sous les injures et les menaces. « Il était alcoolisé, après avoir bu cinq whisky-cocas. Il l’a menacée de lui “défoncer la gueule” », a plaidé Me Tomasini, avocate d’Alexandra Richard, faisant le récit banal du quotidien de sa cliente avec un homme violent. Cette mère de trois enfants, dont un qu’elle avait eu avec la victime, était poursuivie pour le meurtre de son conjoint, après lui avoir tiré dessus le 16 octobre 2016. L’avocate générale a demandé une requalification en « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

« Contexte de violences conjugales avéré »

À la barre, l’accusée au casier judiciaire vierge a reconnu avoir chargé l’arme. Mais « qu’il soit décédé, c’est pas ce que je voulais », a assuré Alexandra Richard, qui était en couple depuis environ deux ans avec cet homme, condamné en 1999 pour avoir tiré sur un rival amoureux. « C’était une arme de dissuasion. Je voulais (…) m’enfuir avec mes enfants” », a ajouté l’accusée, qui a dit « regretter tout ce qui s’est passé ». Les faits se sont déroulés dans un « contexte de violences conjugales avéré avec un dépôt de plainte et des témoignages qui corroborent le fait que Alexandra était victime de violences », a ajouté Me Tomasini, qui a été l’avocate de Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari avant d’être graciée fin 2016 par François Hollande.

« Alexandra Richard est une belle personne, c’était la proie idéale. Il y a la domination et l’emprise, l’emprise va permettre les violences physiques, sexuelles, économiques. Elle devait être à son service, que ce soit sexuellement ou pour les tâches ménagères. Il la considérait comme sa pute ou sa gouvernante », a plaidé Me Tomasini.

« Même en prison, je dormais mieux qu’à côté de lui »

« Même en prison, je dormais mieux qu’à côté de lui. Personne ne me frappait », a expliqué Alexandra Richard qui a fait de la détention provisoire. Selon Rose-Marie Capitaine, qui défend les parents de la victime, parties civiles, « il y avait eu une plainte en janvier 2016 qui a ensuite été retirée par l’accusée » et selon elle la victime est « véritablement diabolisée » par la défense. « Il y avait des excès chez (lui) mais de là à le présenter comme un tortionnaire, évitons ces excès ». « Oui c’était un homme violent », avait estimé l’avocate générale Corinne Gérard devant la cour d’assises de Seine-Maritime, « mais vous ne pouvez pas répondre à la violence par la violence ». Un collègue de l’accusée a lancé une pétition sur internet intitulée « Pas de prison pour Alexandra Richard » et qui affichait mardi 24 novembre plus de 38 000 signatures. La jeune femme, qui encourait jusqu’à 20 ans de prison, a dix jours pour faire appel.

Avec ELLE