Un tribunal d’Arabie Saoudite a annulé, ce lundi 7 septembre, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées pour l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a annoncé l’agence officielle Saudi Press Agency (SPA).
« Cinq prévenus ont été condamnés à vingt ans de prison et trois autres à des peines allant de sept à dix ans de prison », a précisé l’agence de presse, citant les services du procureur général.
Projet d’attentat contre Emmanuel Macron : 2 suspects arrêtés et mis en examen
Ce jugement, présenté comme un verdict final, a aussitôt été critiqué par la rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, dont l’avis n’engage pas l’organisation internationale, et qui l’a qualifié sur Twitter de « nouvel acte » dans cette « parodie de justice ».
« Ces verdicts n’ont aucune légitimité juridique ou morale. Ils ont été rendus au terme d’un processus qui n’était ni équitable, ni juste, ni transparent », a-t-elle affirmé.
Hatice Cengiz, la fiancée turque du journaliste saoudien assassiné, a, pour sa part, qualifié lundi de « farce » le verdict rendu par la justice saoudienne. « La communauté internationale n’acceptera pas cette farce, a-t-elle tweeté. Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité à propos de qui est responsable du meurtre de Jamal. »
Ce verdict intervient après que les fils de Jamal Khashoggi ont annoncé en mai avoir pardonné ses tueurs. Par le passé, son fils aîné, Salah Khashoggi, avait assuré avoir « pleinement confiance » dans le système judiciaire saoudien.
Oneil Biatti : l’artiste chanteur togolais intègre l’armée américaine
En avril 2019, le Washington Post avait affirmé que les quatre enfants du journaliste, y compris Salah, avaient reçu des maisons d’une valeur de plusieurs millions de dollars et étaient payés des milliers de dollars par mois par les autorités. La famille avait alors démenti.
Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été assassiné et son corps découpé en morceaux dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie, où il s’était rendu pour récupérer un document.
Bill Gates : l’acquisition de TikTok par Microsoft est un “calice empoisonné”
Il était âgé de 59 ans au moment de sa mort et ses restes n’ont jamais été retrouvés. Cet assassinat a plongé l’Arabie saoudite dans l’une de ses pires crises diplomatiques et terni l’image du prince héritier, Mohammed Ben Salman, dit « MBS », désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire de l’assassinat.
Après avoir nié l’assassinat, puis avancé plusieurs versions des faits, Riyad a affirmé qu’il avait été commis par des agents saoudiens qui auraient agi seuls et sans recevoir d’ordres de leurs dirigeants. Le procureur saoudien a innocenté le prince héritier. Ce dernier a déclaré à la télévision américaine PBS qu’il acceptait la responsabilité de l’assassinat, parce qu’il s’est produit « sous son règne », tout en niant en avoir eu connaissance auparavant.
Plantage de Edge : quand Google fait crasher le navigateur de Microsoft
La justice saoudienne s’était elle-même saisie de l’affaire et, en décembre 2019, à l’issue d’un procès opaque, cinq Saoudiens avaient été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison, sur un total de onze personnes inculpées. Les trois autres avaient été « blanchies ».
Les personnes condamnées lundi n’ont pas été identifiées. Les services du procureur général ont en revanche souligné que ce nouveau jugement mettait « fin » à l’affaire, marquant la volonté de Riyad de tourner définitivement la page.