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Coronavirus : il est licencié par son patron parce qu’il est positif au Covid-19

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Sébastien Klem, un salarié, revenu de congé le 15 juillet, reprend normalement son activité de gestionnaire sinistre à l’office HLM M2A de Mulhouse en France. Le lendemain, après une expertise effectuée dans le quartier des Coteaux, il aperçoit un stand drive de dépistage Covid-19 sur le parking d’un hypermarché. Il s’arrête et effectue un test PCR puis retourne à son bureau.

« A part une légère toux, je n’avais vraiment aucun symptôme », explique Sébastien Klem, 41 ans. « Il s’agissait d’une opportunité sur ma route, je n’ai fait que suivre les recommandations du gouvernement, l’appel à réaliser des tests était tellement médiatisé, raconte-t-il. Je me sentais en pleine forme, la veille, j’étais même allé courir ».

Le soir-même, il reçoit le résultat : positif. Sébastien Klem prévient alors immédiatement son employeur. Il est mis en quatorzaine, avec sa fille de 4 ans.

Mis à pied puis licencié pour faute grave

Mi-août, Sébastien Klem reçoit un recommandé le convoquant à un entretien préalable de licenciement pour faute grave.

Sa direction lui reproche de ne pas avoir appliqué l’obligation de sécurité ; il n’aurait pas dû retourner au travail après le test. « On ne fait pas un dépistage si on n’a pas de suspicion », affirme la direction des ressources humaines dans le courrier.

La direction de l’office avance une version différente de celle de son ex-salarié : « Il était pâle, avait les yeux rouges et une forte toux, nous ont déclaré ses collègues qui s’inquiétaient ». Eric Peter, le directeur général ajoute même : « il avait de la fièvre, il l’a dit à ses collègues. Ces derniers nous ont fourni des attestations écrites ».

Dans la lettre de licenciement, il est précisé à Sébastien Klem qu’il aurait dû rester chez lui, et pourquoi pas faire du télétravail, dans l’attente des résultats du test. La société met également en avant le non-respect des protocoles santé et sécurité mis en place au sein de l’office pour faire face aux risques Covid-19, ce qui a entraîné une violation de l’obligation de sécurité.

En effet, un questionnaire auto diagnostic envoyé par mail aux salariés dès le 11 mai demande à ces derniers de rester chez eux au moindre symptôme. Or sur la fiche, la toux n’y apparaît pas.

A l’annonce de la positivité du test, il y a eu un vent de panique à l’office. La direction a dû mettre un étage entier à l’arrêt, mais ce n’est pas ce qui la gêne le plus : « c’est le fait qu’il a joué avec la vie de ses collègues, des locataires et des fournisseurs », insiste Eric Peter, son directeur général.

On ne joue pas avec la vie des gens

« On ne joue pas avec la vie des gens ». Eric Peter explique qu’il n’avait pas d’autre choix que de  le licencier « vu la gravité des faits, il n’y a pas d’autre sanction possible ».

Sébastien Klem a porté l’affaire devant les Prud’hommes et argue de sa bonne foi en expliquant que s’il avait eu une suspicion, jamais il n’aurait fait garder sa fille par ses parents, personnes âgées et à risque. De plus, il a fourni un certificat médical qui ne relève qu’une légère toux et aucun autre sympôme n’est mentionné. Aujourd’hui encore, il a du mal à réaliser ce qui lui arrive « Je vais faire un test et je suis puni, je me retrouve au chômage. Si j’avais pas fait de test, j’aurais encore mon emploi, mais j’aurais peut-être tuer des gens ».

Code du travail

Il y a en effet deux éléments du code du travail qui viennent se contredire. D’une part, le respect de la vie privée et du secret médical, et de l’autre, l’obligation de protéger les collègues, dans le cas d’une maladie contagieuse, selon les explications de maître Laurent Toussaint, avocat spécialiste du droit du travail, “et là-dessus, le code du travail n’a pas réponse“. C’est là-dessus que devra trancher la justice.

En attendant, Sébastien Klem est au moins soulagé d’une chose, il n’a contaminé personne, ni dans sa famille, ni dans son travail.

Avec FranceTvInfo