Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

>

Somalie : un projet de loi légalisant les mariages précoces déclenche un tollé

Facebook
Twitter
WhatsApp

Un nouveau projet de loi qui autorisera le mariage précoce en Somalie déclenche de nombreuses critiques et de la colère chez ceux qui luttent pour l’amélioration des conditions de vie des enfants. 

Dans le pays, il n’y a pas d’âge minimum pour le mariage. Un tiers à 45 % (suivant les régions) des femmes mariées le sont avant l’âge de 18 ans et un peu moins de la moitié de ces dernières avant 15 ans, selon les chiffres de l’ONU (2014-2015) et les données d’une enquête gouvernementale (2020). “Certaines familles marient leurs filles pour réduire leur fardeau économique ou gagner un revenu. D’autres pensent garantir l’avenir de leurs filles ou les protéger”, a déclaré Dheepa Pandian, porte-parole de l’UNICEF, cité par Reuters. 

Mali : « rien n’est décidé », le porte-parole de la junte dément tout accord avec la CEDEAO

Mariée à 13 ans par son père à un homme qui lui a donné un peu moins de 100 euros en échange, 
Hafsa qui vit avec sa mère dans un camp de réfugiés pour des familles fuyant les violences du pays, raconte qu’elle a été violée pendant deux ans avant que sa mère la convainque de divorcer. “J’ai regretté d’être née” déclare Hafsa. Nadifa Hussein, qui dirige trois camps déclare : “La plupart des femmes ici se sont mariées à 13 ans et ont divorcé à l’âge de 20 ans”.

La Somalie qui avait convenu avec l’ONU d’améliorer ses lois sur la violence sexuelle en 2013, avait, après cinq ans de travail, sorti un projet de loi sur les infractions sexuelles approuvé par le Conseil des ministres et envoyé au parlement. Mais en 2019, rapporte Franceinfo, le président de la Chambre a renvoyé ce projet de loi “dans un processus qui pourrait avoir dévié de la loi établie” en demandant des amendements de fond, explique AP (Lien en anglais). 

Le projet de loi, présenté au Parlement en août 2020, permettrait désormais le mariage dès la puberté, qui peut survenir à 10 ans chez certaines fillettes. Une façon de légaliser le mariage précoce, selon les Nations unies. Il “risque de légitimer le mariage des enfants, entre autres pratiques alarmantes, et doit être empêché de passer en loi”, a déclaré la responsable des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Il “représenterait un revers majeur dans la lutte contre les violences sexuelles en Somalie et dans le monde “, et doit être retiré immédiatement, a indiqué Pramila Patten, la représentante spéciale de l’ONU sur les violences sexuelles dans les conflits. 

COVAX : plan mondial de vaccination contre la Covid-19, 172 pays déjà engagés (OMS)

Ce n’est pourtant pas l’avis du vice-président Abdiweli Mudey, qui l’a présenté, “ce projet de loi est le bon (…) conforme à la loi et aux traditions islamiques.” Basé sur la charia, il permettrait le mariage à condition que la famille donne son consentement. 

“Notre constitution est basée sur l’Islam. Elle dit que l’âge de la maturité est de 18 ans, c’est l’âge idéal pour voter ou pour qu’une fille se marie”, a déclaré la militante des droits humains Sahra Omar Malin, rejetant fermement cette idée. Lors de la Journée internationale de la jeunesse, célébrée le 12 août Ilwad Elman, une militante sociale somali-canadienne qui travaille avec “Elman Peace and Human Rights Center“, une ONG fondée par sa mère, a tweeté : “Je ne veux voir aucun responsable somalien participer en ligne (à cette célébration) quand vous essayez de leur voler leur enfance (…) avec un projet de loi légalisant le mariage des enfants.” 

Mali : vers un dénouement de la crise, la junte opte pour une transition

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, les mariages d’enfants ont augmenté, en partie à cause des pressions économiques, mais aussi parce que l’ouverture des écoles a été perturbée par l’instauration du confinement. Selon l’ONU près de 68 % des 300 prestataires de services à travers, le pays ont signalé une augmentation de la violence sexiste. 

Des milliers de personnes en Somalie font circuler des pétitions contre ce projet de loi. À cause de l’instabilité politique et la lutte contre une insurrection islamiste auxquels le pays est confronté, il n’y a pour le moment aucune date sur la mise aux voix du projet de loi, indique le média.