A 55 ans, Jack Ma, le fondateur du géant e-commerce Alibaba lâche les commandes de l’entreprise. En l’espace de vingt ans, ce fils d’ouvrier a créé un véritable empire. Retour sur un parcours atypique d’un élève mauvais en maths, recalé dix fois de Harvard.
Lire aussi : Emplois : les 25 métiers dont le salaire va le plus augmenter en 2020
Le “Steve Jobs chinois” a quitté la présidence d’Alibaba, une licorne valorisée à plus de 418 milliards d’euros, qu’il a cofondée vingt ans plus tôt. Issu d’un milieu ouvrier, cet ex-professeur d’anglais (oui, oui) est devenu le deuxième homme le plus riche de Chine, avec une fortune estimée à 37 milliards d’euros.
Les chiffres d’Alibaba, géant du commerce en ligne, donnent eux aussi le tournis : 56 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018, plus de 750 millions d’utilisateurs actifs à travers le monde, 86.000 salariés… L’entreprise rentre en concurrence direct avec l’autre géant du commerce en ligne, Amazon.
Lire aussi : Emplois : voici les “7 jobs en or” qui vont cartonner en 2020
1. De Yun à Jack
Jack Ma est en réalité né “Yun Ma”, dans la province de Hangzhou, située à 200 kilomètres de Shanghai, en Chine. Une mère ouvrière et un père photographe, il grandit dans un milieu modeste. Très jeune, passionné par la langue anglaise, il s’efforce de l’apprendre en autodidacte, puis avec des professeurs. Il va alors rencontrer une touriste américaine, dont le mari s’appelle Jack. Le couple va se prendre d’affection pour le jeune Yun, et lui suggère d’adopter ce prénom.
2. Un cancre
S’il remue ciel et terre pour apprendre l’anglais, le jeune Jack est loin d’être brillant à l’école. Mauvais en maths, Il rate deux fois le “gaokao”, précieux sésame pour accéder aux universités chinoises. La troisième fois sera la bonne, mais de justesse : cette année-là, faute d’un nombre suffisant de candidats admis, la limite d’entrée est abaissée de quelques points. Il sort diplômé d’une licence d’anglais à l’université de Hangzhou. Il sera recalé dix fois de Harvard et même… du KFC pour un petit boulot.
Lire aussi : Togo : Le Prof Kako Nubukpo annonce son retour sur la scène
3. Il découvre internet aux Etats-Unis
En 1994, Jack Ma lance une entreprise de traduction. Il se fait repérer par les autorités chinoises pour ses qualités linguistiques. On l’appelle pour démêler un contentieux avec une entreprise américaine. Jack débarque en Californie, se rend compte que ladite entreprise est en réalité fictive. Il rejoint alors un ami à Seattle, dont le gendre travaille dans l’internet.
Jusqu’alors isolé en Chine, il découvre tout : ordinateur, réseau, web, e-mail… L’idée d’Alibaba fait son chemin. Cinq ans plus tard, après avoir revendu sa première entreprise, Jack Ma lève 60.000 dollars auprès de 18 proches. Alibaba est née et veut mettre en relation des petites entreprises chinoises avec le reste du monde, via un site internet.
4. La plus grosse entrée en bourse de l’histoire
En 2014, Alibaba a bien poussé. Il est temps d’entrer en bourse. Jack Ma ne fait pas les choses à moitié et lève… 25 milliards de dollars lors de son introduction à Wall Street, un record à l’époque. Alibaba capte désormais 80% du marché chinois et s’étend à l’international, notamment aux Etats-Unis et dans d’autres pays comme la France. La même année, il créé une fondation philanthropique à son nom, destinée à favoriser l’éducation dans les campagnes chinoises. Aujourd’hui “retraité”, c’est à cette cause qu’il dit vouloir se consacrer.
Lire aussi : Togo : des risques d’inondation annoncés dans le Sud
5. Un homme fantasque
Alors professeur d’anglais, il se fait surnommer “crazy Jack” avec ses cours décalés et son approche théâtrale. Depuis, chacune de ses apparitions publiques est un show : pour les dix ans d’Alibaba, il est monté sur scène habillé en punk, avec piercing au nez et crête sur la tête. En 2015, pour la fête des célibataires, le jour le plus lucratif d’Alibaba, il fait venir Daniel Craig, le James Bond actuel, sur scène. Il est aussi capable de chanter le Roi Lion à ses quelque 86.000 employés, ou bien d’arriver déguisé en Michael Jackson. C’est peu dire qu’il dénote de la plupart des gourous de Wall Street.
Avec Les Echos